Le registre de base du classeur C.COM
La photographie numérique et les techniques de traitement de l'image sur ordinateur ont permis de constituer une base de référence informatisée, non standardisée et ajustable.
Cette base de départ se présentait sous la forme d'un répertoire illustrant les thèmes possibles d'échanges contenant des photographies détourées et regroupées en catégories sémantiques.
Le traitement informatique donnait à ce support la possibilité technique d’évoluer dans le temps au rythme des demandes et des besoins des utilisateurs.
Après 10 années de partage, ce logiciel n'est plus commercialisé depuis septembre 2024. Mais nous vous transmettons ici notre cahier des charges et notre procédure pour créer votre propre outil de communication.
Quels principes de construction ? Cahier des charges
Une structure de référence ou « classeur de base » :
Un outil de communication doit permettre un accès aux situations concrètes rencontrées par la personne aphasique. Il s'agit d'ouvrir le répertoire sur les thèmes possibles d'échanges. Pour construire une structure de base, nous avons listé les situations de communication que rencontre un patient au cours de sa journée pour sélectionner des objets, des personnes, des lieux, des actions, des sentiments, des événements, des repères temporels et spatiaux répondant à des finalités communicatives multiples (1).
Nous avons cherché à simplifier la quantité d'informations contenues dans le classeur de base tout en gardant un souci constant d'efficacité. En restant au plus près de l'idée cible à représenter, nous avons eu pour but l'allégement de l'ensemble afin de faciliter la manipulation. Le répertoire était donc ciblé sur la vie quotidienne.
Adaptations et personnalisations indispensables :
La structure de base constitue un point de départ. Elle doit être ajustée à l'environnement (humain, géographique) et personnalisable, en fonction du patient à qui le classeur est destiné (ajustements en fonction des thèmes spécifiques d'échanges) et suivant les modifications de la communication dans le temps.
Comment se présentait-t-il ?
Le logiciel AB-C.COM permettait un accès aux 660 items entrant dans la composition du registre de base ont été répartis entre 11 dossiers (11 catégories sémantiques) comportant chacun de 3 à 12 planches pré-établies.
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Le classeur proposé et imprimé comportait des planches photos en partie gauche.
Pourquoi ? Pour faciliter la prise d'indices en cas d'amputation du champ visuel droit ou d'héminégligence.
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Les pages textes correspondantes en partie droite sont proposées dans le format A4.
La forme A5 ou le format tablette ne comportaient pas de page texte.
Pourquoi ? L'attention d'une personne aphasique atteinte d'un trouble de compréhension écrite sera concentrée sur le déchiffrage du texte au détriment de la fluidité de l'échange et du maintien de son lien visuel avec son interlocuteur.
Le classeur proposait les items « homme » et « femme » (par exemple dans la catégorie des vêtements).
Dans la pochette intérieure du classeur, nous avions glissé une horloge à construire avec des aiguilles mobiles, deux planches permettant la détermination l'une du Oui et l'autre du Non, une planche de couleurs, et une réglette visuelle analogique d'évaluation de la douleur illustrée et adaptée à l’auto évaluation de la douleur par la personne aphasique elle-même.
Ces éléments étaient ainsi détachables lorsque les échanges le réclament.
Des fonctionnalités souples et multiples : l'informatique
L'informatique permet de stocker le classeur de base qui reste facilement accessible et modulable, et les images qui le constituent.
Le classeur de base :
Il était proposé en accès direct et imprimable en A4 ou A5, ou importable en format PDF sur une tablette numérique.
L'imagier :
Cet imagier était ouvert. Il accueillait un registre de base ainsi que des photos supplémentaires enregistrées et classées par l'utilisateur. L'imagier permettait de procéder à toutes modifications ou constructions de planches pré-établies ou nouvelles. Les photos étaient également accessibles à l'écran, mais également imprimables sur papier cartonné ou papier photo afin de constituer un matériel utilisable à des fins multiples.
Un matériel modulable.
Les modifications : adaptations et personnalisations.
Le classeur de base doit constituer le point de départ : un outil palliatif de communication ne remplira pleinement sa fonction que s'il ouvre le champ des échanges par les adaptations spécifiques qui lui seront apportées. L'informatique permet de créer facilement des classeurs adaptés en apportant toutes modifications nécessaires à la forme de base ou création de planches nouvelles :
- classeurs personnalisés à un établissement de soins par des modifications du classeur de base ou la construction de planches nouvelles
- classeurs personnalisés à un patient
Grace à l'informatique il est facile d'ajuster avec précision le classeur initial à chaque patient ou à l'environnement.
Par simple click en ajoutant ou en enlevant une photographie afin de modifier une planche pré-établie.
Ou en créant une planche nouvelle, ou une nouvelle catégorie.
Les photos numériques d'origine étaient stockées en mémoire et réutilisables, la banque de photographies étaitouverte.
L'accès rapide à l'imagier du C.COM permettait une infinité de compositions aboutissant à une forme définitive construite à l'écran puis imprimée. Chaque nouveau classeur ainsi créé était enregistré dans la mémoire de l'ordinateur sous le nom du patient pour lequel il a été construit : il pouvait ainsi être modifié dans le temps en suivant ses choix, ses demandes ou celles de son entourage, son évolution, son environnement ou son mode de vie.
N'oublions pas que la forme de base reste un point de départ. Pour que l'outil de communication fonctionne et soit pertinent il doit être personnalisé et ses utilisateurs formés. Il est illusoire de penser que l'usage d'un tel outil de communication sera intuitif et spontané sans un mode d'emploi transmis et des mises en situations proposées à ses utilisateurs. Cette mise en pratique est indispensable à l'usage réussi et régulier du support, et au rétablissement d'une communication. Le rôle de l'orthophoniste est ici central.
Pour aller plus loin :
(1) SERON X., DE WILDE V., DE PARTZ M.P., PRAIRIAL C., JACQUEMIN A. Les carnets de communication. In : Questions de logopédie 1996 ; 33 : 153-187.
(2) GONZALEZ I, MARCHETTI S, PETIT H, MUNIER N, JOSEPH PA. Pour contourner les troubles aphasiques : les classeurs de communication – De l’incapacité à la réparation. In : Mazaux JM, Pradat Dielh P, Brun V. 07 mars 2014; Montpellier. Communiquer malgré l’aphasie. Rencontres en rééducation ; ELSEVIER-MASSON 2014.